Vous avez mal aux dents, mais vous n’avez pas de caries ? Un expert nous en parle
Vos dents vous font mal, mais votre dentiste ne voit pas pourquoi ? Il pourrait s’agir de douleurs dentaires non odontogènes, c’est-à-dire de douleurs dentaires qui ne sont pas dues à des caries. En voici les différentes causes.
Ça coule normalement de source : si vous avez mal aux dents, vous prenez un rendez-vous chez votre dentiste. Ce n’est toutefois pas aussi simple qu’il n’y paraît, car « 15 pour cent de tou·tes les patient·es qui viennent me voir dans mon cabinet ont des douleurs dentaires », déclare le dentiste de Sarrebruck, le Dr Horst Kares, spécialiste des douleurs dentaires sans raison apparente immédiate. « Mais la douleur provient réellement des dents seulement chez un peu plus de la moitié de tou·tes les patient·es », ce qui signifie que l’autre moitié doit trouver de l’aide auprès d’un·e autre spécialiste.
Il faut distinguer les douleurs primaires des secondaires
Tout d’abord, il est important de faire la distinction entre les termes : les douleurs dentaires qui proviennent directement des dents sont appelées douleurs dentaires odontogènes ou primaires. Si les dents font mal, mais que la cause de la douleur est ailleurs, il s’agit de douleurs dentaires secondaires ou non odontogènes.
Dans le cas des douleurs primaires, qui sont causées par les dents elles-mêmes, les maux proviennent généralement d’une carie ou d’une infraction, c’est-à-dire d’une fissure dans la dent. Les dentistes connaissent bien ces douleurs dentaires odontogènes. « Il en va autrement de celles non odontogènes, car elles ne sont guère abordées dans la formation, » explique H. Kares. Dans la pratique, il y a une exception à cette règle : « Les dentistes reconnaissent généralement les douleurs dentaires non odontogènes dues à une sinusite, car c’est très connu. » Toutefois, elles n’arrivent qu’en deuxième position des douleurs dentaires non odontogènes les plus fréquentes. Les douleurs d’origine musculaire sont plus fréquentes. Et selon l’expert, elles ne sont souvent pas diagnostiquées.
Cause numéro 1 : les douleurs dentaires musculaires
Une douleur dentaire d’origine musculaire fait partie d’un dysfonctionnement craniomandibulaire douloureux. Cranium est le terme latin pour crâne, mandibule pour mâchoire inférieure. Le dysfonctionnement craniomandibulaire est donc une douleur qui peut toucher toute la tête et le visage. Elle est due à des tensions des fibres musculaires dans les muscles masticateurs, également appelées points gâchettes, qui tirent dans les dents. Ces douleurs non odontogènes sont surtout ressenties par les personnes qui serrent souvent les dents (pendant leur sommeil) ou qui grincent des dents.
Il est facile d’expliquer pourquoi les muscles masticateurs tendus se répercutent sur les dents : les nerfs des dents et les nerfs des muscles masticateurs sont proches les uns des autres dans le système nerveux central. Dans le tronc cérébral, les nerfs des muscles masticateurs tendus produisent un tel stress que les neurotransmetteurs libérés irritent également le neurone voisin des dents. La conséquence : le neurone envoie alors le signal « douleur dentaire ». Le problème : le ou la patiente ne peut pas distinguer l’origine réelle de la douleur.
Autres causes
Les douleurs dues à la névralgie du trijumeau – une douleur faciale lancinante – ou à une irritation du système nerveux. « Ces deux cas sont heureusement relativement rares », précise l’expert, « mais lorsque ces douleurs apparaissent, elles sont généralement très difficiles à diagnostiquer et difficiles à traiter, donc très résistantes à la thérapie. »
Parmi les autres causes possibles de douleurs dentaires qui ne sont pas dues à des caries, on peut citer : les migraines, le zona, les kystes, les otites, les causes psychiques, le dysfonctionnement des glandes salivaires et les tumeurs.
Le spécialiste H. Kares souligne un autre lien important, celui entre le cœur et les dents : « Dans environ 16 pour cent des cas de crise cardiaque, le premier symptôme est une douleur à la mâchoire. Il s’agit ici d’une douleur transmise du muscle cardiaque aux dents et à la mâchoire. » Une erreur de traitement pourrait dans ce cas être fatale. Heureusement, cela n’arrive que très rarement. Néanmoins, si le ou la patiente a mal et qu’iel n’a pas de carie, il faudrait impérativement se pencher sur le problème. C’est bon à savoir, mais que peut-on faire en tant que patient(e) ? Dans tous les cas : observer la douleur pour pouvoir ensuite en parler au médecin.
Quels sont les symptômes d’alerte ?
Les douleurs dentaires secondaires sont-elles différentes des douleurs dues aux caries ? Pas vraiment, explique H. Kares : « Pour le ou la patiente, la différence est à peine perceptible. » Cependant, du point de vue dentaire, il existe des indices. Dans l’article spécialisé Vorschlag einer Klassifikation der Odontalgien (Proposition de classification des odontalgies), on trouve les « indicateurs clés des douleurs dentaires qui indiquent des sources de douleurs non odontogènes » suivants : apparition de douleurs dentaires spontanées sur plusieurs dents, douleurs dentaires non lancinantes, douleurs dentaires persistantes (continues), absence de diminution significative de la douleur après une anesthésie locale, céphalées sévères, paresthésie régionale (fourmillements, engourdissements).
Les maux de dents qui n’ont pas de source précise sont non seulement difficiles à classer pour les patient·es, mais aussi pour les professionnel·les. Le Dr Jeffrey Okeson, professeur à l’Orofacial Pain Center de l’Université du Kentucky, écrit dans son article spécialisé Non-odontogenic toothache : « Les douleurs dentaires non odontogènes peuvent remettre en question les capacités de diagnostic du médecin. »
Que faire si aucune cause ne peut être trouvée ?
Si votre dentiste ne parvient pas à identifier une cause claire et ne sait pas quoi faire, il est recommandé de se rendre dans un cabinet spécialisé. « En Suisse, il existe pour cela deux experts dans le domaine des douleurs dentaires non odontogènes ou inexpliquées » : le professeur Jens Christoph Türp au Centre universitaire de médecine dentaire de Bâle (UZB) et le Dr Dominik Ettlin à l’Université de Zurich », explique Horst Kares.
S’il s’avère que les douleurs dentaires sont d’origine neurologique, par exemple une névralgie du trijumeau, la prochaine étape est de consulter un neurologue. S’il s’agit de facteurs ORL, comme une sinusite, votre chemin vous mènera chez l’ORL, alors qu’en cas de tensions musculaires, vous suivrez un traitement orthopédique ou physiothérapeutique.
Peut-on soigner soi-même des maux de dents ?
Pour la cause la plus fréquente de maux dentaires secondaires – la douleur dentaire musculaire – vous pouvez effectivement la prévenir avec des exercices de relâchement, gymnastique de la mâchoire et des exercices de relaxation. Des mouvements ciblés permettent d’une part de traiter les muscles masticateurs de manière à ce qu’ils ne déclenchent pas ces douleurs. D’autre part, ces exercices peuvent aussi aider à détendre les muscles de la mâchoire déjà tendus.
Et pour les deuxièmes maux de dents les plus fréquents sans cause primaire, les sinusites, il est recommandé de faire des lavages de nez et de refroidir la zone enflammée ; plus bien sûr la consultation d’un·e ORL qui pourra proposer d’autres possibilités de traitement.
Je me décrirais comme ça : ouverte d'esprit, j'aime prendre le temps de réfléchir, j'ai besoin de me retrouver seule de temps et temps, je suis curieuse, plutôt drôle et, bien sûr, époustouflante.
L'écriture est ma vocation : à 8 ans, j'écrivais des contes de fées, à 15 ans des paroles de chansons « super cool » (que personne n'a jamais eu l'occasion d'écouter), au milieu de la vingtaine un blog de voyage, et maintenant des poèmes et les meilleurs articles de tous les temps !