« Baldur’s Gate 3 » est complexe, énigmatique et un énorme succès
« Baldur’s Gate 3 » offre beaucoup de possibilités et peu d’explications. Ce jeu de rôle complexe semble être un jeu de niche, mais il rencontre un énorme succès. Il est la preuve qu’il existe un mainstream loin du mainstream.
Plus de 800 000 personnes ont joué simultanément à Baldur’s Gate 3 aux heures de pointe. Le jeu de rôle occupe ainsi la deuxième place sur Steam, derrière l’éternel Counter-Strike : GO. Ce dernier est free to play, tandis que l’épopée fantastique est un jeu payant. Un résultat sensationnel qui surprend. Baldur’s Gate 3 fait à peu près tout différemment des autres jeux à succès ; et c’est là que semble résider sa réussite.
Baldur’s Gate 3 est la suite de la série du même nom, qui a débuté en 1998 et s’est prétendument terminée en 2000 avec le deuxième volet. Déjà à l’époque, le succès des jeux était une surprise. Peu de gens connaissaient le studio canadien Bioware. D’un jour à l’autre, il a publié un jeu de rôle qui n’avait pas son pareil. Un jeu monumental, plein de possibilités et d’une durée de jeu dépassant largement les 100 heures, se cachait dans un fabuleux coffret de cinq CD. Il a fait l’effet d’une bombe. Avec ses combats tactiques, il était l’antithèse de Diablo, axé sur l’action et sorti un an plus tôt. Plus de 20 ans plus tard, le studio belge Larian réussit le même tour de force.
Source : Larian
Donjons & Dragons de bout en bout
Pour ce faire, Baldur’s Gate 3 s’appuie sur le système de règles complexe de Donjons & Dragons. Le jeu très nerdy se jouant sur papier avec des dés que la plupart des gens ne connaissent probablement que depuis Stranger Things. Tout comme l’original, le jeu offre une liberté de jeu incroyable. C’est surtout là que Larian se distingue. Dans Baldur’s Gate 3, vous créez votre propre groupe et vous rencontrez régulièrement de nouveaux membres au cours de votre aventure. Ou pas, si comme moi vous faites les mauvais choix et que vous détruisez des colonies entières.
La façon dont le jeu évolue est entre vos mains. Certes, l’histoire suit une trame générale, mais les revirements peuvent être énormes. Je peux passer des heures à en discuter avec mes amis, car nous vivons généralement des choses complètement différentes. En plus, on pourrait même y jouer ensemble. Baldur’s Gate 3 possède un mode coopératif pouvant accueillir jusqu’à quatre joueurs et joueuses. Ces derniers et dernières n’aident pas seulement au combat, mais prennent aussi des décisions au niveau des dialogues et des actions.
Source : Larian
Après plus de 50 heures, j’ai tout de même atteint les bords de la ville mythique de Baldur’s Gate. Elle est si complexe que même les performances avec des PC de jeu haut de gamme en sont affectées. Le point fort du jeu, tant sur le plan technique que sur celui du contenu, serait toutefois encore quelque peu buggé à l’heure actuelle. Il est possible que cela soit dû au lancement anticipé sur PC ; la version PS5 ne sortira que le 6 septembre. Mais cela ne semble pas non plus ternir beaucoup l’impression générale du jeu.
Chaque personnage est animé et sonorisé
Malgré sa taille énorme (il faut bien 80 heures pour terminer le jeu) Baldur’s Gate 3 offre des graphismes très détaillés, des animations faciales expressives et une excellente sonorisation des personnages. Tous les personnages avec lesquels vous pourriez avoir une conversation possèdent un visage unique et ont des narrateurs plus engagés que dans certains autres jeux. Le fait qu’un acteur hollywoodien confirmé comme J.K. Simmons ne soit pas le meilleur exemple du jeu en dit long sur la qualité des voix.
Source : Larian
Baldur’s Gate 3 est disponible depuis trois ans déjà ; du moins en partie. Larian a publié la version early access à l’automne 2020. Elle a constamment été améliorée et étendue grâce à de nombreux retours de la communauté. À l’époque, le jeu avait atteint plus de 500 000 utilisateurs simultanés. Mais ce qui est finalement sorti en août 2023 comme version finale a même dépassé les attentes des plus grands fans. Baldur’s Gate 3 est le premier jeu qui capture vraiment les sensations d’une vraie partie de D&D analogique. Jusqu’à présent, cela n’était possible qu’en rassemblant une troupe de joueuses et joueurs invétéré·es et un·e maître·sse du jeu expérimenté·e.
Espérons que ce jeu serve de modèle
Larian renonce complètement aux contenus supplémentaires payants ou autres chichis cosmétiques. Ici, vous payez une fois pour la totalité du jeu. À une époque où de nombreux studios et éditeurs ne jurent que par les jeux en live-service, les achats dans le jeu et les season pass, voilà qui met du baume au cœur des gameuses et gamers malmené·es. C’est également l’avis de Swen Vincke, PDG de Larian : « Le meilleur dans tout ça, c’est que nous pouvons continuer à faire des jeux comme ça. Oui, ils sont risqués et ambitieux, et parfois les choses tournent mal, mais c’est précisément pour cela que le studio a été créé. La réponse du public montre que ces jeux ont leur place. » Espérons que Swen ait raison.
Source : Larian
La prochaine preuve pourrait justement être apportée par Bethesda avec Starfield. On y fait des promesses de qualité et de contenu similaires. Je suis terrifié à l’idée de me lancer dans le prochain gros jeu de rôle de 100 heures. Mais un succès enverrait un signal clair à l’industrie que l’on peut aussi se passer de live service et d’achats au sein du jeu. Comme vous pouvez jouer à Starfield quelques jours avant son lancement moyennant un supplément, le jeu ne marque déjà pas de points de ce côté.
Philipp Rüegg
Senior Editor
Philipp.Rueegg@digitecgalaxus.chEn tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.
