Réinitialisation des cellules
Allemand, Martin Krowicki, Martin Auerswald, 2023
D’accord, ça fait un bail que vous avez arrêté les cours de bio, mais retenez ceci : sans mitochondries, rien ne fonctionne dans le corps. Heureusement, vous pouvez dynamiser facilement le moteur de vos cellules. Peut-être que vous vous sentirez moins souvent fatigué.
Si je vous dis « ATP », cela vous évoquera peut-être le tennis masculin. D’autres – seulement les personnes férues de biochimie, il faut bien l’admettre – penseront à l’adénosine triphosphate. Cette molécule a pour fonction de stocker et de fournir de l’énergie dans le corps. Cela se passe dans les 100 billions de cellules qui vous composent, plus précisément dans les mitochondries.
Ces cellules, appelées organites, sont de minuscules structures ovales entourées d’une double membrane et possédant 37 gènes propres. Du point de vue de l’évolution, les mitochondries étaient autrefois des bactéries (d’où un ADN propre) et ont fusionné il y a plus de 1,6 milliard d’années avec les ancêtres de nos cellules.
« Dans une cellule humaine moyenne, on trouve environ 1000 mitochondries », écrivent le biochimiste Martin Auerswald et le scientifique du sport Martin Krowicki dans leur guide Zell Reset. « Dans les cellules qui sont les plus importantes pour votre survie (ovule, cellule du muscle cardiaque, cellule nerveuse), il y en a même jusqu’à plusieurs centaines de milliers. »
Juste un petit rappel de biochimie : les nutriments fournis (graisses, protéines, glucides) sont transformés lors de la respiration cellulaire. Le glucose et l’oxygène produisent du dioxyde de carbone et de l’eau en plus de l’ATP, c’est-à-dire l’énergie vitale pour votre organisme. Une étude a calculé qu’une seule mitochondrie libère chaque seconde « entre 10 000 et 50 000 fois plus d’énergie que le soleil ». C’est une des raisons pour lesquelles les mitochondries sont également appelées les « moteurs des cellules ».
Or, ces moteurs ne fonctionnent pas toujours sans heurts. S’ils sont endommagés ou simplement trop âgés, le métabolisme cellulaire est altéré. La production de radicaux libres, qui sont toxiques pour la cellule, augmente. Normalement, les mitochondries dégradent ces métabolites indésirables. Mais si elles sont affaiblies, elles sont vite dépassées.
La conséquence : le stress oxydatif. Celui-ci peut notamment accélérer le processus de vieillissement et augmenter le risque de nombreuses maladies. En outre, les dommages fonctionnels graves au niveau des mitochondries entraînent des maladies, même si elles sont rares. Ces maladies mitochondriales sont soit congénitales, soit acquises.
Même les personnes qui ne sont pas atteintes de ces maladies – c’est-à-dire la majorité des gens – peuvent ressentir un affaiblissement des mitochondries : fatigue pouvant aller jusqu’à l’épuisement chronique, une diminution de la résistance à l’effort tout comme « une prise de poids inexplicable et perceptible ou une maladie articulaire », énumère comme symptômes possibles la dermatologue Yael Adler dans son guide Genial Vital. « Les médecins sont parfois enclins à considérer comme des maladies psychosomatiques, “imaginaires” ou “à la mode”, les symptômes du burn-out ou les syndromes de fatigue et d’épuisement, (...) le syndrome du côlon irritable ou la fibromyalgie. Or, selon des découvertes récentes, ces pathologies peuvent aussi se manifester lorsque le fonctionnement des mitochondries est déréglé. »
Les experts de Zell Reset tiennent un discours similaire : « Les principaux signes trahissant des dommages mitochondriaux sont le manque d’énergie sous une forme ou une autre. D’un côté, le corps manque d’énergie, de l’autre, le glucose, les acides gras, les produits intermédiaires et de dégradation s’accumulent dans tout le corps et posent des problèmes. Le goulot d’étranglement se situe au niveau des mitochondries. Les symptômes habituels sont la fatigue, l’épuisement, les problèmes de concentration, les sautes d’humeur, les fringales, les problèmes digestifs et la prise de poids. »
Malheureusement, il s’agit là de symptômes très nombreux et très diffus. Les scientifiques sont encore loin de savoir à quoi devrait ressembler exactement une médecine mitochondriale pour agir de manière ciblée. On soupçonne également un lien entre les maladies liées à l’âge comme la maladie d’Alzheimer et un dysfonctionnement des mitochondries. Cependant, les mécanismes qui le sous-tendent ne sont pas encore clairs non plus.
En outre, comme l’écrivait déjà en 2017 le magazine allemand SPIEGEL, il y a « beaucoup de charlatans dans le secteur qui promettent des mitochondries plus puissantes, entre autres par la consommation de compléments alimentaires onéreux. » Ce n’est certainement pas aussi simple que cela.
Il n’est pas conseillé à tout le monde de faire déterminer l’état de ses mitochondries par des tests sanguins coûteux. Ce n’est que si vous constatez des troubles diffus et que vous souhaitez aller au fond des choses avec votre médecin qu’une analyse de ce type peut être utile. Seulement, il faut aussi quelqu’un capable d’interpréter ces données pour en déduire des recommandations concrètes en matière de compléments alimentaires, par exemple.
De plus, chaque personne est différente. « Le contexte familial, les antécédents médicaux, la musculature, la graisse corporelle, l’apport en nutriments, l’alimentation, le stress, le mode de vie, la situation professionnelle, la génétique, l’exposition aux toxines, les conditions de vie... De nombreux facteurs influent sur l’état de nos mitochondries », écrivent MM. Auerswald et Krowicki dans leur livre.
La bonne nouvelle, c’est que ce que l’on peut déjà recommander aujourd’hui en matière de médecine mitochondriale fait de toute façon l’objet d’un consensus parmi les spécialistes. En bref : une alimentation saine, suffisamment de sommeil et suffisamment d’exercice. De toute façon, on ne le dira jamais assez : « L’influence des gènes sur notre espérance de vie n’excède pas les 30 %, le reste est lié au mode de vie », explique la dermatologue Yael Adler.
Parlons mode de vie. Il doit être sain. Si vous renforcez vos moteurs cellulaires, vous aurez plus d’énergie dans le meilleur des cas et vous vous sentirez moins souvent flagada et fatigué. En tout cas, cela ne peut pas faire de mal de suivre les recommandations suivantes :
Éviter les poisons C’est très logique : il vaut mieux éviter les polluants environnementaux (poussières fines, vêtements neufs traités, vapeurs de meubles neufs, pesticides, microplastiques, etc.), les métaux lourds et autres substances toxiques (cigarettes et alcool compris) ainsi que la prise inutile de médicaments. Non seulement ils perturbent les processus complexes de la respiration cellulaire, mais ils ne sont de toute façon pas bons pour la santé.
Renforcer la thyroïde « La thyroïde, qui fait office de pédale d’accélérateur du corps, joue un rôle décisif dans la régulation du nombre de mitochondries et de leur niveau d’activité », expliquent les auteurs de Zell Reset. Le fait est que les hormones thyroïdiennes T4 et T3 agissent sur le métabolisme cellulaire. Les hormones se fixent sur les mitochondries dans les tissus, les cellules peuvent mieux métaboliser le glucose et l’oxygène grâce à la T3 et à la T4. C’est pourquoi il faut ménager sa thyroïde. Dans la pratique, tous les conseils suivants sont bons pour la thyroïde, mais bien sûr aussi pour tout le corps :
Réduire le stress La cellule est exposée au stress oxydatif, comme on l’appelle : des radicaux libres sont alors produits en plus grande quantité et endommagent aussi durablement la cellule, selon MM. Auerswald et Krowicki : « Les dommages mitochondriaux, les inflammations chroniques et le stress oxydatif ont une influence délétère les uns sur les autres. » Les mitochondries ne peuvent pas réguler le stress oxydatif elles-mêmes, mais le signalent au reste de la cellule. Ce n’est qu’à ce moment-là que les processus de réparation ou la mort cellulaire sont déclenchés. Votre propre stress est en effet considéré comme l’un des (nombreux) déclencheurs du stress oxydatif.
Évitez donc autant que possible les sollicitations excessives. La méditation et d’autres exercices de relaxation, des pauses plus fréquentes, le sport, la marche et la détox numérique peuvent aider à réduire le stress.
Manger des aliments avec une valeur ORAC élevée
Les antidotes au stress oxydatif sont les antioxydants, c’est-à-dire les vitamines et les polyphénols. On les trouve dans tous les aliments qui ont poussé naturellement et dont l’arôme et la couleur sont intenses. Selon Zell Reset, « la teneur et la qualité des antioxydants peuvent être grossièrement quantifiées en laboratoire par la valeur ORAC. ORAC signifie “Oxygen Radical Absorbance Capacity”, c’est-à-dire la capacité à intercepter les radicaux libres de l’oxygène. » Les aliments suivants, listés par ordre décroissant, ont une valeur ORAC élevée :
– champignons vitaux reishi et chaga
– cannelle, clous de girofle, curcuma et gingembre
– thé vert
– fines herbes et herbes sauvages
– cacao noir
– baies
– café
– fruits, légumes et légumineuses
Se nourrir sainement En parlant d’alimentation, il est indéniable que les mitochondries tirent également profit d’une alimentation correcte. Notre collègue Anna décrit dans cet article les connaissances scientifiques actuelles en la matière.
Surveillez votre sommeil Traitez vos problèmes de sommeil. En effet, la dermatologue Yael Adler écrit dans Genial vital : « La substance la plus importante pour des mitochondries qui fonctionnent bien est probablement la mélatonine. » Dans ce contexte, cette hormone ne fait pas que déclencher le sommeil, elle est également importante pour les gènes : « En tant qu’antioxydant, elle a un effet anti-inflammatoire, un taux élevé inhibe la croissance de différents types de tumeurs, elle protège les mitochondries et les maintient en activité. » En fait, les mitochondries peuvent même produire elles-mêmes de la mélatonine. Mais avec l’âge, les maladies et les inflammations, ce potentiel diminue et le taux baisse drastiquement. Conséquences : un sommeil de mauvaise qualité et donc un manque de mélatonine accentué.
Respirez en pleine conscience Lors de la respiration cellulaire, la mitochondrie a justement besoin d’oxygène. Pour l’aider, il faut donc lui en procurer. Notre collègue Olivia a décrit comment apprendre à respirer mieux et plus profondément. Vos cellules vont littéralement respirer.
Exprimer plus souvent sa gratitude
Le mental a également un impact sur les cellules. Des chercheurs de l’université de Columbia mentionnent le fait suivant dans leur étude : « Les personnes qui se trouvaient dans une attitude plus positive au réveil et au coucher avaient de meilleures valeurs en termes d’enzymes mesurées dans les mitochondries », peut-on lire dans Zell Reset. Si vous voulez maintenir vos mitochondries en bonne santé, pratiquez donc plus souvent la gratitude, par exemple en tenant un journal intime, mais aussi en parlant chaque jour avec vos proches de ce pour quoi vous êtes reconnaissant.
Jeûnez régulièrement Lors d’un jeûne, il se passe beaucoup de choses au niveau biochimique dans les cellules, ce qui est bénéfique aux mitochondries. Selon l’expert Auerswald, « le corps passe du glycogène stocké dans le foie aux acides gras, c’est la cétose. » En bref, la réduction des calories stimule la multiplication des mitochondries et régule également la production de radicaux libres et donc le stress oxydatif. Vous n’êtes d’ailleurs pas obligé de jeûner pendant des jours : le jeûne intermittent, par exemple, avec une pause de 16 heures entre le dernier repas de la journée et le petit-déjeuner, est déjà bénéfique.
Un peu de sport Comme pour l’alimentation, la science est d’accord sur un autre point : faire plus d’exercice est bénéfique pour l’ensemble de l’organisme et pas seulement pour les mitochondries. De manière plutôt modérée qu’excessive et plutôt régulièrement qu’une fois de temps en temps.
Photo d’en-tête : shutterstockJ'aurais pu devenir enseignante, mais je préfère apprendre plutôt qu'enseigner. Jour après jour, j'apprends grâce aux articles que je rédige. J'aime particulièrement les thème de la santé et de la psychologie.